Sosthène Héliodore Camille Mortenol est un capitaine de vaisseau guadeloupéen ayant obtenu le grade d’officier supérieur au sein de la Marine, né à Pointe-à-Pitre le 29 novembre 1859 et décédé le 22 décembre 1930. Né dans une ville encore sous le choc du séisme des Petites Antilles (en 1843) et issu d’un milieu modeste avec deux parents esclaves, Sosthène Mortenol grandit dans un contexte difficile mais réussit néanmoins à suivre un cursus scolaire au collège diocésain de Basse-Terre. Elève brillant et appliqué, Sosthène Mortenol se démarque très tôt de ses camarades, ce qui lui vaut d’obtenir une bourse lui permettant ainsi de poursuivre ses études en France, au lycée Montaigne de Bordeaux. Il entrera par la suite facilement à l’école Polytechnique, non sans bruit, puisqu’il sera à l’époque l’un des premiers antillais à pouvoir entrer dans cette école. Fort d’un parcours scolaire sans embûche, Mortenol décide de faire carrière en tant qu’officier dans la Marine. Evoluant dans un contexte d’expansionnisme colonial très marqué, Mortenol va intervenir dans différents endroits du globe (comme au Gabon, ou en extrême orient). Le Capitaine de vaisseau va d’ailleurs être envoyé par le général Gallieni à la conquête de l’île de Madagascar, sanglant épisode qui causera la mort de plus de 500 000 malgaches.
Cependant la fulgurante ascension du simple fils d’esclave devenu officier va ralentir peu à peu si bien qu’au déclenchement de la Première Guerre mondiale, Mortenol pourtant fort d’une trentaine d’années d’expérience dans la marine stagne toujours au même poste. Les principales raisons de cette si faible évolution de carrière sont les préjugés concernant l’origine de ce dernier mais également son attitude vis-à-vis des autochtones rencontrés, jugée trop laxiste. Cependant, Mortenol sera tout de même appelé à la protection antiaérienne de Paris au côté de Gallieni (avec qui il fut auparavant en mission à Madagascar) et jouera un rôle essentiel dans la protection de la capitale, notamment grâce à la mise en place de projecteur très puissant empêchant l’aviation allemande de gagner du terrain. Il atteint l’âge de la retraite au sortir de la guerre en 1917 cependant, il est maintenu dans ses fonctions et nommé Colonel d’artillerie de réserve. Il est démobilisé le 15 mai 1919 et définitivement rayé des cadres de l’armée le 10 janvier 1925.
Mortenol profitera par la suite de sa retraite pour s’impliquer tant que faire se peut dans la lutte contre le racisme mais également contre le colonialisme.
Sosthène Camille Mortenol aura donc, par sa carrière et ses actes d’engagement, marqué l’histoire et aidé la France durant une sombre période. Pour lui rendre hommage, une rue lui a été dédiée dans le 10ème arrondissement de Paris, et une plaque commémorative posée sur sa maison natale à Pointe à Pitre.
L’histoire du Capitaine de vaisseau Mortenol force le respect de tous et sa détermination sans faille ainsi que son implication dans la défense de la France lors de la Première Guerre mondiale, lui valent un hommage tout particulier. Son habile stratagème permettant de repousser les allemands sera salué et il sera décoré de la Légion d’Honneur en 1920.
Sosthène Mortenol fait partie de ces héros de l’ombre que l’histoire a oublié de retenir, au même titre que des dizaines de soldats (comme Jean-Gaston Giraud, Robert Auguste Touchon ou encore Rolland Garros).
Parti de rien, Mortenol a su mettre de côté une situation familiale compliquée, et ne pas écouter les nombreux détracteurs racistes n’acceptant pas sa brillante réussite pour ne finalement se concentrer que sur un objectif majeur : aider la France et la défendre jusqu’au dernier souffle ; la notoriété n’étant pas pour lui l’enjeu principal, puisqu’il avait compris dès le début que ses origines nuiraient a sa carrière.
Les nombreux rassemblements organisés de part et d’autres du territoire en son honneur sont donc une juste récompense pour celui qui, parti de rien, a néanmoins enjambé les obstacles autant que les critiques pour s’imposer sur le sol français et ainsi prouver son amour de la patrie.
Il peut donc sembler légitime de lui rendre aujourd’hui un nouvel hommage pour que l’Histoire ne l’oublie pas et pour que les commémorations organisées restent aussi longtemps que possible à la hauteur de sa très grande carrière et de son implication sans faille pour la France.