Monsieur le Ministre,
Le budget de l’Education nationale est apparemment en hausse, puisque le projet de loi de finances prévoit une augmentation de 1,3 milliard d’euros au regard du budget de 2017.
Cependant ce budget marque une rupture avec le quinquennat précédent, durant lequel près de 54.000 postes ont été créés. En 2018, le nombre de postes reste stable, et le premier degré bénéficiera de 3881 créations de postes,
Mais la progression des effectifs dans les personnels du premier degré ne saurait se faire au détriment du second degré, au sein duquel 2600 emplois de stagiaires qui sont supprimés ainsi que 200 postes de personnels administratifs.
Les effectifs des classes sont en constante augmentation et il est prévu 30.000 élèves supplémentaires. Cette évolution démographique à elle seule justifierait des créations de postes sauf à ce que les conditions d’apprentissage se détériorent .
Vous avez mis en place dans les REP des CP dédoublés, mesure qui n’est pas discutée en soi. Mais, selon nos informations, nombre de Dasen pour appliquer cette mesure non prévue de dédoublement des CP, sont contraints d’utiliser les effectifs du programme « plus de maîtres que de classes » qui fonctionne pourtant très bien. Cette rentrée 2017 a pu bénéficier des efforts faits par le ministère précédent. Mais allez – vous accroitre les recrutements pour préparer la rentrée 2018 et quelle en est la traduction budgétaire dans les documents communiqués ?
Plus grave , il nous a été rapporté par bon nombre d’inspecteurs de l’Education nationale que les écoles n’ont pas les structures suffisantes en matière de locaux pour accueillir tout le monde et appliquer ces dédoublements. Dans certaines écoles, faute de locaux suffisants, les professeurs ont dû commencer par supprimer la classe de musique, puis la salle de repos, puis celle des professeurs et, n’y trouvant toujours pas le compte, ont finit par mettre deux classes de douze élèves dans la même salle. Si tous les CP de REP sont effectivement dédoublés dans l’avenir, il faudra trouver 11000 salles de classe supplémentaires. Qui peut croire que les collectivités pourront y faire face compte tenu de la stagnation des dotations? Et que compter vous faire, dès à présent, pour y remédier budgétairement ?
Je souhaite enfin attirer votre attention sur une autre préoccupation que suscite le « libre-choix » laissé aux acteurs de rester à la semaine de quatre jours et demie ou de revenir à la semaine de quatre jours, or cete réforme avait été approuvée et considérée par les spécialistes de l’éducation comme bonne pour les apprentissages et la lutte contre les inégalités. Après des débuts contrastés, elle était passée dans les mœurs ;
Or, parallelement, les municipalités assistent à la suppression des contrats-aidés qui garantissaient le fonctionnement de la semaine de quatre jours et demie et seront donc contraintes de renoncer aux activités installées. Je ne vois en l’état aucune mesure d’accompagnement des élèves prévue pour compenser ce retour en arrière. En conséquence, in fine, les familles les plus démunies devront, seules, se débrouiller pour trouver les solutions d’accompagnement de leur enfant.
Comment comptez-vous faire en sorte que le « libre-choix » des écoles s’exerce véritablement et, pour les écoles qui n’auraient d’autres possibilités, comment comptez-vous faire en sorte que ce retour à la semaine de quatre jours ne s’accompagne pas d’une discrimination sociale envers les familles les plus modestes ?