Mme George Pau-Langevin. Monsieur le ministre de l’éducation nationale, vous avez confirmé hier matin que 1 800 postes allaient être supprimés dans l’éducation nationale en 2019. Ce chiffre représente 40 % des suppressions de postes de fonctionnaires annoncées, alors que l’éducation nationale avait été présentée comme une priorité par ce gouvernement et qu’elle devait, à ce titre, être préservée.
L’émotion est donc réelle. Par pure idéologie comptable, vous appliquez à l’enseignement une purge qui rappelle celles qui ont été pratiquées durant les années Sarkozy, avec les dégâts que l’on sait. Cette décision compromet le redressement de l’école engagé en 2012 grâce à un grand plan de recrutement et de formation des enseignants, alors que 40 000 élèves de plus sont attendus.
Monsieur le ministre, vous insistez beaucoup sur le dédoublement de classes de CP et de CE1, mais beaucoup moins sur le fait que, le plus souvent, les académies procèdent par redéploiement, en piochant dans le dispositif « Plus de maîtres que de classes ». Et, à présent, vous diminuez même les effectifs des enseignants dans le secondaire.
Certes, nous approuvons la priorité donnée au primaire, mais pas au prix de classes surchargées et d’élèves moins encadrés, d’autant que le nombre d’élèves par professeur et par classe n’est déjà pas très bon en France, par rapport à la moyenne de l’OCDE. En outre, la présence d’adultes dans les établissements est moins importante qu’avant, du fait de la diminution confirmée du nombre de contrats aidés.
Face à la violence engendrée par la misère sociale et l’échec scolaire, il est au contraire urgent de renforcer les équipes éducatives, notamment dans les établissements qui accueillent des jeunes en difficulté. Monsieur le ministre, que répondez-vous à tous ceux qui vous disent que trop c’est trop ? Comment allez-vous rectifier le tir, après avoir envoyé ce très mauvais signal à la jeunesse de notre pays ?
M. Benjamin Griveaux, secrétaire d’État auprès du Premier ministre, porte-parole du Gouvernement. Madame la députée, je vous prie d’excuser le ministre de l’éducation nationale qui ne peut être présent car il lance, cet après-midi même, avec Geneviève Darrieussecq, les commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale à Clermont-Ferrand. En 2019, le budget de l’éducation nationale va augmenter de 850 millions d’euros. C’est une augmentation importante dans un contexte général de maîtrise des dépenses publiques. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LaREM.) Dans une institution qui emploie plus d’un million de personnes, la suppression de 1 800 postes représentera moins de 0,2 % des emplois. Par ailleurs, seuls le second degré et les services administratifs seront concernés par cette baisse d’effectifs qui, je le rappelle, sera sans incidence sur le volume d’enseignements, du fait d’un recours accru aux heures supplémentaires. L’éducation, vous le savez, est au cœur de la politique du Gouvernement, depuis les premiers jours du quinquennat. Nombreux sont les socialistes qui ont écrit par le passé que le dédoublement des classes de CP et de CE1 était une bonne chose. Au cours du quinquennat précédent, vous avez recruté de nombreux professeurs : que n’avez-vous décidé la division par deux du nombre d’élèves dans les classes des quartiers les plus populaires de notre pays ? C’est là que se creusent les inégalités ! C’est là que les inégalités de destin se sont forgées dans la République depuis des générations. Change cela, c’est le sens du combat que nous menons. Nous menons un autre combat, lui aussi important, celui de la revalorisation des salaires et de l’augmentation du pouvoir d’achat des professeurs. C’est bien d’avoir des professeurs, mais c’est bien aussi de reconnaître leur travail en les payant mieux : c’est le travail qu’a engagé courageusement Jean-Michel Blanquer il y a plus d’un an.