Des Dardanelles avec la fameuse bataille de Gallipoli, du Chemin des Dames à Verdun, combien d’hommes si jeunes ont été précipités dans ces affrontements sans toujours parfaitement comprendre ce qu’ils faisaient là, ni pourquoi ils allaient perdre leur vie, interrogation qui hante la fameuse chanson de Craonne.
Cependant si quelques intellectuels comme Jean Jaurès se sont opposés à la guerre au péril de leur vie, la grande majorité des Français ont fait leur devoir en allant combattre et il faut saluer le courage des femmes qui, à un moment où elles étaient encore considérées comme mineures, ont remplacé aux champs ou dans les usines les hommes appelés au combat.
Il faut souligner aussi que tous les peuples de ce qui était encore l’empire français se sont levés en masse, qu’il s’agisse des outremers français, y compris dans le Pacifique, de l’Afrique et du Maghreb ou de l’Indochine.
C’est pourquoi il est important de faire revivre cette mémoire. Hier, outre la cérémonie traditionnelle au Père Lachaise, toujours émouvante avec les hymnes de tous les pays qui sont venus aider la France, il faut noter l’autre cérémonie organisée traditionnellement par la Mairie de Paris au Quai Henri IV devant une plaque portant cette lancinante question du Général de Gaulle : « Pourrions-nous accepter que nos cimetières ou se mêlent par milliers les croix chrétiennes, les étoiles juives et les croissants de l’islam soient ensevelis sous l’oubli et l’ingratitude ? »
Tel n’est heureusement pas le cas. Et cette journée du souvenir est aussi l’occasion de marteler qu’il a fallu encore une guerre impitoyable entre Européens en 1939-1945 pour que la décision soit prise de créer une union entre ces peuples, pour développer les coopérations et éviter de nouveaux conflits.
C’est pourquoi quels que soient les reproches, parfois justifiés, formulés contre Bruxelles et sa bureaucratie, je demeure toujours fermement engagée pour l’approfondissement du projet européen, car comme l’a si bien dit le président Mitterrand, « la France est notre patrie et l’Europe est notre avenir. »